Qu’est-ce que l’UTS ?
Patrick Mouratoglou vient de lancer l’UTS, une compétition qui a pour objectif de casser les codes du tennis afin d’attirer un nouveau public et notamment un public plus jeune ! Formats complètement différents, des cartes bonus que l’on peut utiliser quand on veut à la manière d’un jeu vidéo… Mais est-ce raisonnable tout ça ? Mouratoglou est-il en train de révolutionner le tennis ou bien est-il complètement fou ?
Vous pouvez également aller voir la vidéo que j’ai faite :
Qu’est ce que c’est ?
Tout d’abord on peut se poser la question : qu’est ce que l’UTS ? Bienvenue dans l’Ultimate Tennis Showdown !
Une nouvelle ligue ?
L’UTS n’est pas un tournoi classique comme on pourrait le supposer, il s’agit carrément d’une ligue séparée de l’ATP. Rien que ça, ça a l’effet d’une bombe ! Il nous faut un petit retour en arrière pour comprendre la mesure de cet impact. L’ATP (ou Association of Tennis Professionnels) est une association créée en septembre 1972 dans le but de défendre les intérêts des joueurs professionnels. Même si le nom varie quelque peu selon les années (ATP tour au début, puis ATP et enfin ATP World Tour actuellement), l’organisation n’a pas fondamentalement changée. Suivra la WTA (Women’s Tennis Association) fondée en 1973 pour le circuit féminin. Depuis ces dates, les associations ont instaurées un classement mondial et organisent depuis le circuit mondial.
En réalité, il existe de nombreuses autres associations outre l’ATP et la WTA : les Grands-Chelems, l’ITF, les Challengers, les Futurs etc. Mais en fait, ils se « complètent » tous, chacun étant un rouage du circuit. Leur objectif est relativement commun et ils forment l’ensemble du circuit professionnel. Ce n’est pas le cas de l’UTS !
Rendez-vous compte : tous les tournois passent de près ou de loin par l’ATP et la WTA à l’exception des Grands Chelems qui sont organisés par l’ITF (Fédération Internationale de Tennis) mais qui attribuent quand même des points ATP. Avant 1972, les joueurs professionnels n’avaient pas le droit de disputer un Grand Chelem ! C’était un comble ! Cela fausse complètement l’historique et le classement des meilleurs joueurs de tous les temps. On pense notamment à Rod Laver qui réussit ses deux Grand Chelem calendaire (gagner les 4 tournois du Grand Chelem la même année, exploit unique dans toute l’histoire du tennis) en 1962 et 1969 mais qui était passé professionnel de 1963 à 1968 (c’est à dire son meilleur niveau) et n’avait donc pas le droit de les disputer ! Si cela avait été le cas, on ne se demanderait peut être pas actuellement qui est le meilleur joueur de l’histoire entre Federer, Nadal et Djokovic…
L’ATP (et la WTA) sont des titans dont personne n’imagine qu’ils peuvent trembler. Au tennis, il y a le circuit d’un côté (99,9999 etc. % des matchs) et les matchs exhibitions de manière anecdotique. L’ATP a tremblé quand Federer a commencé à organiser des matchs exhibition de manière régulière. En effet, il est le seul joueur actuel capable de rivaliser avec l’ATP quand il s’agit d’attirer du public. On a imaginé les pires scénarios avec la possibilité qu’il lance son propre circuit parallèle. C’est le seul jour qui a assez d’aura pour pouvoir le faire. Néanmoins tout le monde fut d’accord pour dire que Federer est un « good guy », qu’il reste un amoureux de l’histoire de ce sport, et qu’il l’a fait pour la bonne cause et non pas pour concurrencer l’ATP… N’empêche que l’ATP a transpiré un peu… La révolution était-elle en marche ?
Et c’est à ce mastodonte que s’attaque Mouratoglou… Mais qui est-il pour oser cela ? Qu’a-t-il dans la tête ?
Qui est Patrick Mouratoglou ?
Mouratoglou a commencé en tant que joueur amateur. Son rêve de devenir professionnel s’est effondré quand il a compris qu’il n’avait pas le niveau pour le devenir (son père ne voulait pas qu’il joue et l’a fait travailler dans son entreprise lui mobilisant beaucoup de temps). Il a décidé de s’émanciper afin de vivre de sa passion : le tennis. Il lance une académie avec Bob Brett (ancien joueur et coach de renom) puis avec le temps décide de lancer sa propre académie : la Mouratoglou Academy. Avec de la persévérance, le travail paye et l’un de ses joueurs atteint la finale de l’Open d’Australie (Marcos Baghdatis en 2006 face à Federer). Les choses s’accélèrent, il entraîne de nombreux joueurs qui atteignent le haut niveau (notamment un certain Grigor Dimitrov). Finalement il devient le coach de la N°1 Mondial de l’époque : Serena Williams (ils collaborent toujours ensemble).
A côté de ça, Mouratoglou est un consultant pour Eurosport, et il anime des émissions et de analyses tactiques des matchs. Je considère d’ailleurs à titre personnel qu’il est l’un des meilleurs « analystes » du monde actuellement, je trouve ses propos toujours pertinents.
Bon effectivement, il n’est pas le 1e venu non plus mais quand même, créer une ligue différente de l’ATP ?
Quel est l’objectif de Mouratoglou ?
La question est posée car clairement, sa nouvelle ligue semble rentrer en concurrence avec l’ATP. Pourtant Mouratoglou dément : « Pour moi, c’est plus complémentaire que en concurrence parce que les deux expériences sont incomparables. Je pense que potentiellement, on peut se nourrir l’un de l’autre. Un fan du tennis traditionnel peut aimer l’UTS – c’est mon cas, moi j’aime les deux – mais quelqu’un qui n’est pas fan de tennis aujourd’hui peut le devenir plus facilement car les portes d’entrées sont plus faciles via l’UTS et si il commence à bien aimer les joueurs et qu’il veut les suivre, il va vouloir les suivre également quand ils vont vouloir jouer l’ATP et la WTA. Tout cela, nourrit globalement l’ensemble de l’industrie du tennis et je vois ça comme quelque chose de très positif pour tout le monde. »
L’objectif de Mouratoglou est clair : « Mon idée, c’est de proposer une manière de proposer le tennis qui soit suffisamment différente de ce qui existe pour que des gens qui aujourd’hui ne sont pas fan de tennis finalement s’y intéresse et apprécient ce sport qui est exceptionnel. Je trouve qu’il y a beaucoup de portes d’entrées qui sont fermées. Quand on est fan de tennis, ok. Mais quand on ne l’est pas, pour rentrer ce n’est pas facile, il y a la façon de compter le score qui est très compliquée, le spectacle est très long, hors aujourd’hui on est vraiment que sur des formats très courts donc c’est trop long, il y a beaucoup de moments ou il ne se passe rien ce qui en générale fait fuir les gens… Je pense que le format qui est très ancien n’est pas adapté à la manière de consommer des gens aujourd’hui. L’idée, c’est donc de proposer un produit qui plaise, et pour ce faire il faut casser les codes car les codes traditionnels du tennis sont un repoussoir pour des nouveaux fans jeunes. Ils plaisent énormément aux fans traditionnels de tennis – comme moi d’ailleurs, qui aime beaucoup le tennis tel qu’il est – mais ne plaisent pas en revanche à des jeunes qui cherchent un spectacle plus court, plus intense, plus dynamique, plus interactif. L’idée c’était donc d’imaginer le tennis du futur. »
Pour résumer : « L’idée c’est de vivre un peu plus ce tennis de l’intérieur, d’avoir un spectacle court, dynamique, puissant, interactif, amusant etc. ».
Bon ok, attirer un public plus jeune, un spectacle plus court et interactif… Mais comment fait-on cela ?
Les règles de l’UTS
Mais pourquoi on compte en 15/30/40 ? Mais pourquoi, mais pourquoi … Parce que c’est la tradition voyons ! Trop compliqué pour quelqu’un qui ne connaît rien au tennis ? Bon ok on change tout. Oubliez les règles du tennis, on repart de zéro.
Mouratoglou a changé bien des codes… La manière de compter le score. Un match se joue au temps désormais ! Quoi ?! Des cartes bonus à la façon d’un jeu vidéo… Se recentrer sur la personnalité du joueur… Oulah ça va trop vite pour moi, on peut me re expliquer depuis le début SVP ? Mouratoglou qui voulait que ce soit plus simple, pour le fan traditionnel, c’est en fait d’une grande complexité ! Ok on reprend…
Le score et le temps. Le match se joue en quatre quart-temps de 10mins. Les joueurs servent à tour de rôle 2 points d’affilés. Celui qui a le plus de points à l’issue du temps gagne le quart-temps. En cas d’égalité à la fin du quart-temps, un dernier point décisif est joué. Si un joueur gagne 3 quarts-temps, il gagne le match, mais dans les phases préliminaires, le 4e quart temps est joué quoi qu’il arrive pour le classement. En cas d’égalité à 2/2, il y a la mort subite : le 1e joueur qui gagne 2 points d’affilé remporte le match, les joueurs servant à tour de rôle en choisissant le côté (égalité ou avantage). Les joueurs on désormais 15 secondes pour servir et non plus 25.
L’idée ici est de raccourcir le temps d’un match, éliminer son imprévisibilité (un match dure en moyenne 1h environ) et de diminuer les temps morts d’un match (notamment entre les points).
Les cartes bonus. Au début de chaque quart-temps, l’ordinateur propose 4 cartes à chaque joueur qui va pouvoir en choisir deux à utiliser n’importe quel moment dans le quart-temps. Ce sont des cartes qui peuvent aider le joueur ou bien pénaliser son adversaire. Lorsque l’on utilise une carte, elle est valable pendant 2 points d’affilés mais on ne peut pas les utiliser en même temps que l’adversaire. Voici des exemples de cartes mais il en existe davantage. Si le joueur gagne le point il en gagne 2 d’un coup. Si le joueur met un coup gagnant, il gagne 3pts. L’adversaire est obligé de faire service-volée. L’adversaire est obligé de gagner le point en 3 frappes au maximum. Possibilité de rajouter 40 secondes au timer (carte très spéciale). Voler les deux services adversaires (le joueur sert 4 fois d’affiler). Enlever une balle de service à l’adversaire.
C’est ce qui a été le plus critiqué et certains parlent de cartes pokemon. Nul doute que Mouratoglou va affiner ce secteur. L’idée est de mettre de l’imprévisibilité dans le jeu et du rebondissement.
Les interviews et le coaching. Entre chaque quart-temps, les joueurs sont interviewés pour savoir ce qu’ils pensent et ce qu’ils ressentent. Les coaches ont la possibilité de proposer quatre temps-mort pour coaching à n’importe quel moment (un par quart-temps) pour une durée de 30 secondes. Le coaching doit se faire en anglais pour que l’on puisse suivre mais le joueur peut également refuser l’appel.
L’idée est de mettre la personnalité des joueurs au cœur du spectacle. Mouratoglou regrette le temps ou les joueurs s’exprimaient davantage sur le court.
Voilà pour les règles, Mouratoglou a parlé d’interaction avec le public via un vote en ligne. Je ne l’ai pas vu mais il est probable qu’il le mettra en place prochainement. Pour tout connaître des règles, voici le lien : https://utslive.tv/fr/regles/
Diffusion
Tous les matchs sont disponibles sur la plateforme créée spécialement pour l’occasion : https://utslive.tv/fr/
Pour 12€/mois vous aurez l’intégralité des matchs. Pour le moment, il n’y a pas de spectateurs (huit-clos) mais cela est du aux conditions particulières du covid et non en raison d’une volonté des organisateurs.
Mouratoglou est-il en train de révolutionner le tennis ?
C’est la question que je pose dans le prochain article !
Mouratoglou est-il en train de révolutionner le tennis ?
En attendant ma réponse, je vous pose la question : êtes-vous pour ou contre l’UTS ? Je vous laisse répondre dans les commentaires et moi je vous dis à la semaine prochaine pour le prochain article ! En attendant, n’oubliez-pas, allez jouer au tennis, progressez, regardez l’UTS et surtout faites-vous plaisir !
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